campusliber

27 septembre 2013

Barilla : la pasta senza finnochi


La spettabile ditta Barilla, en la personne de son propriétaire et fondateur, subit les foudres à la fois des consensualistes mous et des terroristes gayys, pour avoir tout simplement déclaré que, pour lui, la famille n'était pas la famille homosexuelle.
Ce qui est, convenons-en, son droit le plus strict !

Quand j'ai lu dans les media les premiers titres sur cette affaire, j'ai pensé que le marchand de nouilles refusait d'embaucher des homos.
Mais non, pas du tout ! Il ne veut pas faire de publicité mettant en scène des couples homosexuels. C'est tout.
Et, dans le monde entier, on lui cherche des noises pour ça !

Hé, les pédés, faut vous calmer !
Pour Dieu sait quelle raison, vous semblez considérer que vous ignorer n'est pas suffisant : il faut vous mettre en montre, vous monter au pinacle, vous promouvoir…
Ça va pas, non ?

L'homosexualité n'est pas un modèle, et n'a pas vocation à remplacer l'hétérosexualité !
Il était anormal que les invertis n'eussent pas les mêmes droits que les autres. Mais l'acceptation de leurt différence n'en fait pas des "super-citoyens" !
Vous viviez dans l'opprobre, vous voilà banaux  ; vous refusiez u'on vous distingue, voilà que vous réclamez la distinction !

J'ai employé le mot "terrorisme", car c'en est un : terrorisme des idées, de la bien-pensance, expressioncd'une menace sur nos libertés…
On ne peut plus penser que l'on préfère les hétéros, les couples hétéros, la famille hétéro ; on ne peut plus exprimer simplement ses idées à ce sujet : verboten ! tabou !
A cette aune, on va bientôt modifier les livres d'histoire, censurer pour "discrimination" les Fables du bon La Fontaine, et mettre la Bible à l'Index !

L'égalité n'est pas la dictature.
Vous voilà, les gars, aussi intolérants que ceux qui vous vilipendent.
Il signore Barilla a bien le droit de ne pas vouloir associer ses pâtes et les homos : c'est juste un choix.
Comme il le dit lui-même, il n'empêche pas les homosexuels de manger ses pâtes…

Si les homosexuels vient autre chose que l'indifférence, qu'ils ne s'étonnent pas des réactions parfois virulentes que suscite leur militantisme outrancier.
Quant à M. Barilla, il a toute mon estime, et tout mon soutien.
Bien que ses pâtes ne soient guère fameuses...

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02 mai 2013

Deux jours...

"Malgré les effluves embaumés de la mer, et les vins de fort bons crus, ce dîner à Sainte-Adresse fut un vrai guêpier" : c'est en me récitant à peu-près le début de la dictée de Mérimée dans la dépanneuse qui remorquait notre voiture que je songeais aux deux jours désastreux qui précédèrent ce premier mai.


Tout a commencé par la lecture d'une petite annonce sur "Le bon coin" : deux petites maisons sur un grand terrain à Meursac. Vivre dans l'une, louer l'autre en saisonnier, tout ça près de la mer, et pour un prix raisonnable.
Le jour-même, France3 diffusait un reportage sur les Charentes-Maritimes, que nous regardâmes avec avidité : le coin semblait agréable…

Après de difficiles contacts téléphoniques (l'annonce avait été éditée par la femme, divorcée de son mari, qui lui-même répondait au téléphone : on sentait bien que la situation était tendue !), il fut décidé que nous nous rendrions sur place.

Le lundi matin, de bonne heure de bonne humeur, le chien Chromozome dûment couché en rond dans son panier de voyage (c'est un chien qui aime ses aises et s'attache aux objets qui font le confort de son quotidien), nous nous mîmes en route vers notre possible destin charentais.
Le premier incident dont ces deux jours furent tissus survint au péage de Saint Arnoux. Alors que la machine qui a remplacé le préposé à la distribution des tickets crachait le rectangle de bristol qui allait permettre à une autre machine, à la sortie de l'autoroute, de nous réclamer la dîme relative à notre usage momentané d'une infrastructure routière dont on nous avait assuré, par le passé, qu'elle serait gratuite au bout de quelques années d'amortissement, à cet instant, donc, la voiture se mit à faire le bruit d'un chat jeté dans une bétonneuse. Etonnant !
Nous gagnâmes  le parking que sa proximité rendait propice, et même providentiel. Dans ce havre, nous nous livrâmes à toutes ces vaines opérations que l'automobiliste confronté à un problème inconnu mais forcément mécanique, entreprend dans une progression qui va de 'ouverture du capot au coup de pied dans un pneu, suivi d'un grattement prolongé de l'occiput.
Après vérification qu'aucun fluide vital ne s'écoulait de l'auto, le conducteur remis prudemment le contact et actionna le démarreur : miracle ! Le chat était parti !

Le reste du voyage se poursuivit sans anicroche. Mais, quand nous touchions au but, la boîte-qui-parle (c'est ainsi que nous avons baptisé le GPS) s'avéra incapable de trouver notre adresse de destination. Elle ne savait même plus où elle était, la pauvre !
Nous non plus , d'ailleurs : villages fantômes aux rues désertes, façades lépreuses d'où pendaient des contrevents comme autant d'œils énucléés, commerces fermés aux vitrines sales… Même les chiens étaient absents de ce décor, occupés sans doute à suivre un enterrement dans un autre village aussi mort…

Décidément ouverts aux nouvelles technologies, la défaillance de notre boîte-qui-parle ne nous empêcha pas d'user de notre téléphone portable. S'il existe un dieu des ondes hertziennes, il devait être penché sur notre sort, car l'indicateur de réseau affichait avec superbe cinq barrettes, ce qui augurait d'une faculté de communication sans pareille. Il nous fut donc aisé de nous faire guider jusqu'à bon port par le propriétaire de la maison que nous allions visiter, lequel connaissait parfaitement pour les hanter les êtres et leurs environs.

Las ! Les êtres évoqués ne correspondaient pas précisément au descriptif alléchant de l'annonce.
Dans une courette encombrée d'immondices où divaguaient deux chiens turbulents, une jeune femme piriforme et aussi placide que l'espalier dont on l'avait visiblement tirée, nous accueillit par une rafale de dénégations : non, elle n'était pas la propriétaire ; non, elle n'était pas la bonne amie du propriétaire ; non, elle n'avait pas passé elle-même l'annonce…
Oui, elle voulait bien faire visiter. Ah, bon, quand même !

Le terrain "constructible" offrait huit mètres de façade. Nous en fîmes l'acide remarque :
- Oh mais à côté ils ont construit. Alors, on a dit comme ça que c'était constructible. Mais sinon, on ne sait pas, nous…
J'eus envie de la prier de nous exposer uniquement ce qu'elle savait, ce qui aurait eu le mérite de libérer du temps, dont nous manquons tous cruellement, d'économiser sa salive, dont elle était manifestement peu avare, la restituant sous forme de postillons sans doute chargés du vin de même métal (mais je suis méchant), voire d'éviter une déforestation toujours excessive s'il lui prenait l'envie d'écrire ses mémoires. Mais je n'en fis rien, non par charité chrétienne, mais bien parce que la visite continuait.
- "Tiens, dit-elle en ouvrant les rideaux, les voici."
Tout en me félicitant que l'école gratuite, laïque et obligatoire eût ainsi formé des êtres d'élite capables de citer Hugo au pied levé, j'avançai d'un pied hésitant dans la direction que d'un geste large elle m'invitait à suivre.
- Sur l'annonce y'en a trois, mais en fait y'en a qu'un, de garage.
Ah, bon, Hugo pouvait dormir tranquille : elle me parlait des garages.
Le local ainsi dévoilé offrit à notre curiosité un entassement d'effets autour d'une motocyclette, ainsi quasiment enchâssée, icône moderne d'un siècle dédié à la vitesse. Ce garage accueillait donc un artefact qui justifiait son appellation. Mais tout au plus eût-on pu y loger un cyclecar : une berline même modeste n'y tiendrait pas !
- Y'a les autres garages, mais c'est pas des garages. Enfin, si on veut, mais on ne peut pas rentre en voiture.
L'acceptation du mot "garage" signifiant généralement que l'on peut y loger une automobile, nous sûmes gré à notre hôtesse de cette précision. En effet, nous eûmes nous-même du mal à nous glisser dans une construction dévastée, sentant la pisse de chien, et dont le plafond crevé laissait entrevoir une couverture en amiante-ciment.
"Pas de problème d'amiante ?", ai-je demandé ingénument.
- Ah ben, j'sais pas, ça… Et pis, l'aut'garage, enfin si on peut dire, on peint pas entrer, il l'a condamné pour les chiens. C'est embêtant pour visiter…
Certes. C'était embêtant. Mais nous n'étions plus à !a près.

- Le sol, il est en terre battue, voyez ? Ah ben non, c'est vrai, on peut pas voir. Bon, c'est pas grave, hein, c'est comme l'autre. Bon, je vous fais voir la petite maison, maintenant…
Une huisserie rétive en condamnait l'accès. D'un coup d'épaule, notre guide confirma Musset  en ses opinions sur les portes, et singeant Pascal en leur vertu, elle découvrit à nos regards une pièce dite "à vivre", où nul ne vivait plus si cela avait été un jour possible…
Sur sa lancée, elle nous découvrit une autre pièce. Les murs de ciment brut grossièrement peints dans des tons délavés, sans qu'on puisse dire s'il s'agissait d'un choix délibéré ou si le temps avait estompé des couleurs plus vives, confinaient une atmosphère pestilentielle dont il apparaissait qu'étaient responsables deux mustélidés qui n'appartenaient pas au genre "vison", la maison se plaçant définitivement à l'abri du luxe.
Tandis que les chiens tentaient d'attraper les pauvres bêtes, nous observâmes la fenêtre au bois rongé d'humidité, le sol inégal, les murs lépreux où couraient quelques câbles électriques qui avaient sans doute véhiculé du cent-dix volts avant de céder aux sirènes des temps modernes en se gorgeant de deux-cent-vingt.
Un frisson nous parcourut.
- Là y'a une salle de bains. Mais on peut pas voir. Attendez, je vais débarrasser les vélos pour accéder…
Une théorie de vélocipèdes obstruait un trou noir.
- 'Tendez, j'vais éclairer avec mon téléphone… Oh ben non, ça marche pas ! Mais, bon, c'est ni fait ni à faire, voyez… C'est pas grave, on va visiter la maison, maintenant.
Nous nous recueillîmes un instant dans la cour, invoquant les mânes de Bayard pour conjurer la peur et taire nos reproches. Cependant, la peur n'évitant pas le danger, nous pénétrâmes dans le logis. Car c'en était un !
- Là, y'a pas de plafond, hein. Mais faut juste le faire, ça empêche pas…
Tout en nous perdant en conjectures sur ce que l'absence de plafond n'empêchait pas, nous embrassâmes du regard un amoncellement de choses inidentifiables, allant du caleçon sale aux restes de victuailles, en passant par de vielles revues défraîchies, des bouts de planches à peine équarries, et des tas de choses inconnues empilées par strates. Au coin de ce qu'il faut bien appeler un salon trônait un cumulus, dont le fatras qu'il recouvrait, pour peu qu'y figurât une dépouille quelconque, eût justifié la substitution d'un "t" à sa première lettre.
Les lieux - et sans doute faut-il entendre ce mot dans ce que son pluriel désignait autrefois - se poursuivaient en une cuisine et une salle d'eau, embarrassées du même désordre.
Nous retournâmes dans la cour. Ma compagne laissait apercevoir son dépit :
- L'annonce disait "habitable de suite". Mais personne n'habiterait là-dedans !
- Ben on y habite, nous…
Nous jetâmes un regard torve sur la maîtresse des lieux.
- Mais enfin, Mademoiselle, nous avons fait cinq cents kilomètres pour visiter une maison qui ne correspond absolument pas à l'annonce vue sur l'internet !
- Ah ben ça, on y a dit, à l'ex' de Monsieur.
- Sans doute, mais enfin, lui, au téléphone, ne nous a pas dot que l'annonce était mensongère !
- Ben sinon vous seriez pas venus.
- Je ne vous le fais pas dire. Ainsi, ça ne vous dérange pas de faire venir les gens pour rien ?
- Sinon on la vendra pas. Passque la maison, elle est aux deux, et pis depuis le divorce c'est lui qui paye les traites, tout seul. Alors, pensez… Moi, j'suis là de temps en temps, et pis quand il a les enfants à s'occuper…
Ainsi des enfants grandissaient dans cette masure. L'éducation qu'ils y recevaient ne tenait à coup sûr pas de l'allumage de feu, et sans doute pas même du remplissage d'un vase…
- Mais y faut la vendre, et le prix qu'on doit à la banque, quoi…
- Euh, comment vous dire ça avec ménagement ? Ça ne vaut pas la moitié de e que vous en demandez…
- C'est la banque, hein, c'est pas nous. Et pis, "elle" veut vendre, hein, c'est pas nous non-plus…
- A vous entendre, personne n'est responsable de rien, quoi ! Nous ne vous saluons pas, Madame !

Nous tournâmes les talons, abandonnant la pauvre femme à sa destinée peu enviable. Mais nous souhaitions que celle-ci fût encore pire que le présent, tant nous étions dépités.

Il nous fallut encore parcourir quelques kilomètres pour atteindre l'auberge où nous avions réservé une chambre.
L'aspect de l'établissement correspondait assez peu aux photographies mises en ligne sur le site de réservation. Sur le porte-menu du restaurant, des auto-collants défraîchis figuraient un hamburger et un chiche-kebab, indiquant l'usage certain d'un congélateur et l'absence de toute velléité gastronomique.
Mais il était trop tôt : l'hôtel n'ouvrait qu'à dix-huit heures. Nous mîmes donc le cap sur Royan, pour un déjeuner tardif.

La ville s'offrit à nous dans un enchevêtrement de barres de béton, où les seules taches de couleur étaient celles que les promoteurs imaginent aux vacances, et revêtent donc le seul élément personnalisante de leurs constructions : les garde-corps de l'obligatoire et exigüe terrasse.
De mer, point. Elle demeure cachée par le béton. Démontée, sans doute, comme l'entendait Raymond  Devos.
Nous attendions, après la diffusion de l'émission "Des racines et des ailes" consacrée à cette ville, un décor dessiné par Le Corbusier et habitée par Tati : nous n'y vîmes que décor soviétique et autochtones conformistes.

Nous partageâmes un déjeuner banal, c'est-à-dire mauvais, à la terrasse d'un des rares établissements ouverts en cette époque de l'année. Notre appétit calmé sinon satisfait, nous poussâmes jusqu'à Marennes, où l'air n'est point iodé comme l'on s'y attendrait, mais saturé de relents de vase. Tout, comme partout dans ce département, respire une atmosphère d'abandon. Les bateaux échoués et les pontons branlants au bois grisâtre, les tristes bancs de dégustation pour touristes, déserts,et jusqu'à la grue rouillée du port qui ressemble à un oiseau abandonné. On a vite envie de se pendre, sous le pont de l'île d'Oléron, par exemple. Pont dont j'ignorais l'existence, d'ailleurs, et qui transforme l'île en presqu'île, amputant d'une part de rêve les cours de géographie de la Communale…

En fin d'après-midi, nous gagnons notre hôtel. Le tenancier, très aimable (mais gentil n'a qu'un œil, disait ma grand-mère), nous guide vers notre chambre.
On parvient à icelle par le médium d'un escalier branlant, en grisard, et dont nul chatouilleur n'a jamais tracé l'épure. Chaque marche ploie sous le poids pourtant léger de ma compagne, et je n'ose imaginer l'effet que leur imprimeront mes deux-cent cinquante livres. La rampe n'est d'aucun secours, constituée de tasseaux fixés par des chevilles du Creusot. Prudents, nous nous engageons chacun à notre tour, ayant tous deux lu Frison-Roche. Le chien Chromozome peine à monter les marches à claire-voie.
Enfin, nous voici à bon port. L'hôtelier, aimable à la limite de l'obséquiosité, nous informe de la présence d'un chauffage d'appoint que nous pourrons utiliser "si nécessaire". Nous branchons l'appareil dès qu'il a tourné les talons : il règne dans la chambre une température idéale pour chambrer un vin, mais peu adaptée à l'organisme de bipèdes au sang chaud.
Nous nous affalons sur le lit. D'où nous rebondissons aussitôt : sans doute par tradition locale autant que par nécessité, le matelas semble rebours aux coquilles d'huîtres.
Non, il est dur, c'est tout. Une planche de chêne semblerait moelleuse en comparaison. Bast ! Allons tenter de manger quelque chose…

Ce fut dantesque ! Dans une vitrine réfrigérée patientaient des hors-d'œuvre, "à volonté" souligna notre hôte. Prudents, nous nous servîmes du bout de la fourchette : coquillettes en salade, cèleri sans rémoulade, cervelas et pommes de terre, tout cela vieux de plusieurs jours, ainsi qu'en témoignait une mayonnaise qui "croûtait" à tel point que je dus la re-fouetter !
Désireux de noyer dans l'alcool nos déconvenues du jour, nous nous enquîmes de ce ue la maison pouvait offrir à nos gosiers avides. Un petit rosé de pays ? Faites tomber, patron !
De pays, il l'était, certes, mais duquel ? Le taulier qui faisait lui-même le service m'assura avec le sourire que c'tait du vin "d'ici". Qu'il fût d'ici ne me surprenait pas, mais qu'on pût qualifier ce breuvage de vin était étonnant ! Eh bien non, c'en était. Et encore, les vignerons du cru avaient fait des progrès, puisque quelques années auparavant, ce vin ne servait qu'à confectionner des vinaigrettes. Mais, bon, fallait pas être difficile...

Nous eûmes ensuite un poulet dit "basquaise", tout ça parce que figuraient dans l'assiette deux rondelles de poivron. Le poulet était sec et désolé. La garniture ? Un tain de courgettes brûlé et réchauffé au micro-ondes.
Le gargotier s'enquit de notre satisfaction. Comme nous ne répondions rien, il ajouta :
- Ç'a été ?
- Comme à la guerre !
Il tourna les talons sans trop sourire…

Mais le summum vint au dessert : "entremet praliné", avait dit l'amphitryon. Vous souvient-il de ce curieux dessert que l'on nous servait à la cantine ? Cette préparation brun-rose, plâtreuse, dans des petites barquettes en plastique transparent, côtelées ? Pio, c'est cela, très exactement : au début, on croyait que c'en était, et tout de suite après avoir goûté on regrettait que ça n'en fût pas…
Nous nous réfugiâmes dans notre chambre pour regarder "Plus belle la vie", seule transmission télévisée regardable, bien souvent…

Plus tard, je descendis vider le chien, et voyant le bar ouvert, y pénétrai, dans l'idée d'y absorber quelqu'alcool  domestique de nature à rosier ma vision des choses. L'odieux tenancier me fit payer mes consommation, ce qui ne l'empêcha pas de les rajouter sur la note le lendemain matin !

Après une nuit où le matelas nous fit des bleus, nous nous levâmes de très bonne heure. Nous nous enfuîmes prendre un petit déjeuner à la boulangerie du coin, qui servait aussi du café. Puis nous revînmes à l'hôtel, payâmes la note, et prîmes la route du retour.

Alors que nous devisions, tâchant de tirer de ces deux jours quelque chose de positif, le chat que nous croyions enfui revint dans le moteur, mais cette fois se coinça les pattes dans un engrenage : la voiture faisait du bruit, mais n'avançait plus : la panne.
La remisant sur le parking proche de la gendarmerie, nous attendîmes qu'un mien ami vînt nous remorquer.

Quelques heures plus tard, nous pûmes enfin nous effondrer dans le canapé du salon : nous attendions ce moment depuis deux jours...

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17 juillet 2010

Edito

philippebustePublier un blog... Ça me ramène aux époques pré-adolescentes, vous savez, ces moments où l’on consigne sur un carnet ses états d’âme, ses espérances et ses chagrins... Mais ces carnets intimes, pas question de les faire lire à qui que ce soit !
Est-ce qu’en vieillissant on perd sa pudeur ? Sans doute... Aujourd’hui, mettre en montre ses interrogations, ses certitudes, ses turpitudes, devient un (une ?) mode d’existence sociale.
Mais publier, c’est aussi une arme. La formidable opportunité de l’Internet réside dans cette facilité, combattue par beaucoup, mais qui reste l’esprit de ce medium : chacun peut recevoir, et chacun peut émettre. Ainsi, les idées se répandent, subversives ou convenues : puissent les premières avoir raison des secondes !
De plus en plus (et particulièrement en France depuis l’avènement du P’tit Nicolas) l’information est manipulée. Les contre-vérités, les aberrations, la malhonnêteté pour tout dire, de nos dirigeants, de nos représentants (!), se diluent dans un conformisme confortable dont l’inculture générale fait le lit.
Anastasie a posé ses ciseaux, elle n’en a plus besoin : nous allons les yeux bandés...
Alors, peut-être, publier un blog est-ce défaire un peu le bandeau ? Seule cette interrogation sera mon excuse.

Tout ce qui tend le discours vers le partage d’idées ou d’idéaux participe de la rhétorique. Seul l’humour permet de ferrailler à fleurets non-mouchetés sans risquer le sang.
Et puis, le rire est ce qui se partage le mieux et ce dont on se souvient le plus volontiers.
N’attendez-donc pas que je sois sérieux : l’irrévérence, la mauvaise-foi patentée, le cynisme (et même parfois son contraire, le sarcasme), la rigolade rabelaisienne, et cette certaine distance qui permet de rire de tout y-compris de soi-même, tireront les rênes de l’instrument aratoire dont j’entends user pour défricher un coin de jachère : mon jardin public.

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Sarkoléon tel qu'en lui-même...

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(caricature)

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02 avril 2010

Plaisirs solitaires 2

La fraise est un fruit très particulier : elle est exhibitionniste, et dénuée de tout sentiment maternel.
Il n'échappera à personne que, de plus, elle est rouge.
J'aime à la déshabiller, quoique je sois un peu déçu par la fraise moderne : quand j'étais jeune - c'era una volta...- il suffisait de tirer sa queue verte pour que s'échappe à sa suite, sous la corolle des petites feuilles, un cœur oblong et pâle, qui laissait un vide propice à l'accueil de la crème fraîche onctueuse, grasse, jaune, apéritive...
La fraise d'aujourd'hui s'étiole dans de suspectes barquettes bardées d'étiquettes vantant de faux mérites. Elle n'a plus de cœur. On n'attend plus guère qu'elle soit mûre pour la cueillir, et son fard est artificiel.
La plus goûteuse - la moins fade, dirons-nous - reste la fraise ibère. Nous n'aurons que mépris pour l'infâme Gariguette, ou la suspecte Mara des bois.
Mais il reste malgré tout une grande joie : son éventration. Un couteau d'office convenablement aiguisé entame facilement la chair tendre, mais sitôt passé l'épiderme , la chair oppose une résistance qui fait chanter le couteau. Et bientôt tombent en pluie dans le saladier opportun les tranches ou les quartiers dont les nuances colorées de la nacre au carmin ne sont pas sans évoquer les couleurs intimes de la femme.
La bouteille de Bordeaux vieux, débouchée depuis une couple d'heures, s'aère lentement. Un nuage de sucre nappe bientôt les fruits écartelés. le vin enfin les noie, un tour de moulin à poivre, un soupçon de canelle, ou de muscade, les zestes de quelque citron, et voilà le dessert prêt; Le saladier couvert d'un torchon gagnera les flancs du réfrigérateur, attendant son heure...

Le plus intéressant, dans la salade de fraises, c'est sa fin.
Ce fruit porte en effet ses graines à l'extérieur, assurant ainsi à ses descendants une liberté précoce, que le vin exacerbe (comme de bien entendu, c'est pour cela qu'on l'interdit aux prisonniers, qu'on le mesure aux prêtres, qu'on le déconseille à l'ouvrier.).
Ainsi, dans le fond du saladiers, comme ivres, les rejetons voguent, loin de leurs mères englouties qui n'ont rien fait pour les retenir. Petits grains noirs battus aux flots vineux, ils ont l'air à la fois occupés et désorientés.
Je me demande toujours où ils pensent aller.
Et je me dis toujours que nous sommes comme eux.
Si nous étions plus nombreux à penser que nous partageons le destin des fils des fraises, sans doute le monde serait-il plus sucré...

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16 juin 2008

L'ultima cena

Il l'a sorti de son portefeuille. Il l'a posé sur la table. Il a décorné l'angle gauche, il l'a lissé, du revers de la main. Il l'a placé bien droit, perpendiculaire au bord de la table.
Puis il l'a remis dans son portefeuille, bien rangé, soigneusement.
Son dernier billet de 50 euros.
Et puis il a pris la voiture, où le témoin de réserve de la jauge à essence clignotait. Il a mis le cap sur la grande surface.
Il a décroché un caddy, il a traversé le parking, il est entré.
Il a fait tous les rayons, surtout ceux où il ne pouvait rien acheter.
Il a pris de la farine, pour faire le pain ; du beurre, pour faire les tartines ; du lait pour tremper les tartines ; du sucre et de la Ricoré, il lui en restait assez pour finir le lait.
Il a pris du fromage râpé, quelques yaourts ; des œufs ; un talon de jambon, c'est moins cher... Une demi-tranche de pâté, un peu de Roquefort...
Il a entassé quelques paquets de pâtes, mais des bonnes, des vraies, de Cecco ; puis, quand même, une plaque de chocolat, parce que, hein...
Il est passé à la caisse, et des pièces ont encombré sa poche en échange du billet.
Il est rentré chez lui... Enfin, chez lui... Dans le petit appartement sans âme au second étage d'un immeuble sans charme, où il berçait sa solitude.
Il y avait encore, dans le congélateur, une andouillette oubliée, un peu de saumon... Dans le frigo du vin blanc, dans l'armoire quelques conserves...
Il a fait du pain ; il a coupé de larges tartines ; il a pris dans l'armoire une boîte de cèpes déshydratés, il les a mis dans l'eau tiède. Il a battu les œufs avec un peu de lait. Il a fait sauter les champignons ; il a versé dessus les œufs battus, avec un peu de persil  ; il a fait cuire l'omelette, baveuse.
Il a fait glisser l'omelette dans l'assiette, et a versé dessus un filet de vinaigre, de son vinaigre, fait "maison".
Il s'est assis devant la petite table, il a mangé l'omelette avec les tartines, et bu un peu de Bordeaux, une demi-bouteille dénichée au fond de l'armoire.
Il a fini son repas avec une paire de yaourts ; à la fraise.

Le lendemain, il a mangé l'andouillette, avec un déglaçage au vin blanc, et une poignée de frites, parce qu'il restait des pommes de terre - un peu germées - dans l'armoire, et qu'il y avait de l'huile dans la friteuse. Puis banane (ah, oui, il avait aussi acheté trois bananes !).

Le jour d'après, il s'est fait le saumon, avec des tartines et le jus d'un vieux citron qui traînait là, dans la corbeille à fruits, un peu fripé... Quelques œufs durs, une mayonnaise...
Il a mangé du fromage blanc, avec du sucre, plein de sucre, il a pas le droit mais de toutes façons ça fait des semaines qu'il ne prend plus les médicaments pour son diabète, alors...

Un jour encore... Jambon/nouilles, avec plein de râpé comme quand il était petit. La dernière banane...

Plus un jour : pasta alio-olio, con formaggio grattugiato, il en restait dans le frigo. Il a entamé la plaquette de chocolat.

Un jour nouveau : pasta comme hier, il n'y a plus beaucoup de fromage. Dans l'armoire, une boîte de confit de canard, qu'il gardait comme ça, pour "avoir de quoi" en cas d'imprévu. Il y est en plein, dans le besoin, dans l'imprévu. Il garde la boîte pour le dernier jour.

Demain d'hier : la fin des pâtes. Il explore l'armoire : elle recèle des trésors. mais il sait qu'il en aura besoin. Pour après...

Le jour suivant : c'est le jour du confit ! Il le prépare soigneusement, bien dégraissé, doucement chauffé au four. Pommes cuites dans la graisse, beaucoup d'ail, du persil : un pur délice.
Il boit une bouteille de cidre, entière. Encore un trésor de l'armoire, un témoin de sa vie d'avant, qui s'en va...
Il finit le chocolat, et retrouve même une vieille pâte de fruit, coing.

L'antépénultième jour : il fait l'inventaire de l'armoire. Le frigo est vide. Il reste des trucs...
Il mangera d'abord le riz, avec une boîte de sauce tomate ; puis les quelques pâtes qui restent, avec de l'huile d'olive ; puis la boîte de petits pois... Tiens, il reste de quoi faire du pain. Mais pas de beurre. Mais de la confiture !

Il n'attaquera pas les fonds de bouteilles d'apéro avant... Disons deux jours ?

L'avant dernier jour : l'armoire est comme la bourse d'Isaac Laaquedem. Ses flancs cèdent encore des raisins secs, une soupe de poissons Liebig, des noix et des olives. Oh, une boîte de sardines !

Le dernier jour : pain. Confiture. Rien.

La fin du monde : son couteau, ses meilleures chaussures, un bon jean... Les doigts courent sur l'étagère, choisir un bon bouquin... Le Journal du vieux Jules, tiens...
Une besace, un peu de linge. La porte. Un dernier regard, déjà ailleurs...

Il referme la porte, à clef. Il descend l'escalier, lentement, lourdement. Arrivé sur le trottoir, il hésite, puis jette la clef.
Délibérément, il tourne le dos à la ville, et se met en marche, jusqu'au pont, puis jusqu'à la route, puis jusqu'aux champs...
Il reviendra, plus tard, quand il sera vraiment au bout, vers le confort des porches de la ville, vers les merveilles de ses poubelles, vers la fraternité du peuple de l'abîme...
Là, maintenant, il a juste envie de marcher vers rien.
Il est libre.
Il est seul.
Il est un acronyme : SDF.

Il est déjà mort, il met juste un peu de temps entre sa vie et sa mort.

Au pignon d'une grange, claquant au vent, une vieille affiche de la campagne fait sourire un Sarkozy défraîchi :  Tout devient possible...

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Plaisirs solitaires 1

Quand je bois, au goulot, quelques lampées de la bouteille de San Pellegrino qui, sortie du frigo depuis un certain temps, tiédit lentement sur un coin du bureau en ruisselant sa sueur glacée, je me sens tout à coup part du monde.
Les premières gorgées sont tiédasses, mais soudain, l'onde fraîchit, comme si l'eau emprisonnée réservait à son inventeur profond seul, les frissons bienfaisants du froid.
Et là, je suis l'ours blanc qui sur la banquise se languit du réchauffement atmosphérique et trouve enfin un iceberg ; je suis Edmond Carré partageant un apéritif glacé avec le farouche targui étonné mais ravi ; je suis le Haroun Tazieff d'un volcan auvergnat raconté par Vialatte ; je suis la falaise où le manchot surmené trouve à ses pieds fourbus le refuge d'une glace oubliée par l'été...
Est-ce que les mêmes mains ouvrières, et opiniâtres, qui inlassablement jettent dans la bouteille toutes ces petites bulles, y précipitent aussi la fraîcheur que sublime le réfrigérateur ?
On ne se demande jamais assez d'où viennent les choses, et, surtout, vers quoi elles nous emmènent...

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30 avril 2008

Marguerite

Ce matin, je descendais l'escalier, et je n'ai pas senti l'odeur du café.
Alors ça m'est revenu : Marguerite est morte hier.
Ils l'ont emmenée. Il m'ont dit des riens de paroles douces, comme on parle aux enfants.
Quand j'étais petit, à la mort de ma grand'mère, on m'avait dit c'est rien, elle est partie un peu, elle reviendra.
J'y avais cru.
Mais là, elle reviendra pas, Marguerite.
Et puis, si j'i plus l'âge de croire, j'ai plus celui d'attendre.
C'est drôle, ce qui prime, c'est pas la tristesse. Non, ça viendra plus tard. Là, tout de suite, je me demande où elle range le café.
C'est le détail le plus important. Ça m'énerve. Et ça me fait peur.
Depuis plus de cinquante ans on vivait ensemble. Dire qu'on s'aimait, c'est peut être un peu trop : on aimait les habitudes de l'autre. Oh, parfois, on retombait amoureux, pour une heure, ou une soirée, ou pour un rayon de soleil au-dessus du peuplier d'Italie, là, au fond du jardin. On savait pas, mais on se retrouvait à sourire et on se prenait la main.
Elle est plus là, Marguerite, et ça me fait peur.
Je ne suis plus un garçon. je ne suis plus un homme, ni même un vieil homme, non, je suis un veuf.
Comme une canne qu'on m'aurait enlevé, et je ne sais plu si je saurai marcher.
Je descends l'escalier, machinalement, et le silence qui m'accueille est froid. il me semble que la table de la cuisine brille moins, elle sent moins l'encaustique.
Même les meubles savent que Marguerite est morte.
Les bruits de la maison se sont tus.
On devrait pas mourir. On devrait pas laisser l'autre. On devrait l'emmener avec soi,.
Parce qu'on se prépare, faut pas croire. Passé dix heures, les soirs d'hiver, devant la télé qui nous emmerde, on pense.
Après un certain âge, l'hiver c'est toute l'année. Alors on pense, on pense au grand vide, au grand noir, à la fin, à demain. On sait.
Mais pas une seconde, on n'imagine qu'on va rester seul.
Même quand on dit "c'est pour bientôt, tu sais", on garde un peu d'espoir, et puis, on parle pour deux.
Je peux même pas dire que j'irai la rejoindre, je ne crois pas à tout ça. Quand on s'éteint, il n'y a plus de lumière, et c'est tout. On ne sent rien.
Mais ce rien je l'aurai tout seul : Marguerite est morte hier.
J'ai plus envie de rester là. Oh, la voisine viendra me faire le ménage et la conversation, mais c'est pas pareil. On a pas de souvenirs doux, elle et moi.
Avec Marguerite, on en avait, des souvenirs doux. Parfois le soir, sous la couette, on entremêlait nos vieilles carcasses, et on sentait le chaud d'avant. On s'endormait comme ça, sans rien faire, sans rien dire, juste les yeux ouverts au dedans de l'autre.
Mais Marguerite est morte hier.
Je sais ce que je vais faire. Je vais aller dans toutes les pièces de la maison, et puis après dans le jardin, et puis dans les rues du village, et dans les champs alentour, jusqu'au canal. Et je regarderai les murs qui l'ont vue, les pierres qui l'ont vue, les arbres qui l'ont vue. Et jusqu'au caillou du sentier, à la folle avoine du fossé, je demanderai s'ils l'ont vue.
L'air était si doux quand il l'enveloppait.
Je sais bien ce qu'ils penseront, ceux qui m'entendront parler aux pierres. Mais je m'en fous. Je leur dirai :
Marguerite est morte hier.
Je ne veux pas.
Je ne veux pas qu'elle soit morte.
Les guerres, les catastrophes, les épidémies, les horreurs dans le journal, tout ça c'est rien : Marguerite est morte hier.
J'ai plus personne à qui le dire. A qui le dire et qui comprendrait.
Ils savent pas. J'aurai la tape sur l'épaule, et puis ils se détourneront, parce que ça les gêne de voir un vieux pleurer.
Quand elle marchait devant moi, je la voyais jeune fille, et elle, quand elle me regardait en soldat dans le cadre ovale au-dessus de la cheminée, elle me voyait jeune homme.
Il n'y avait plus qu'elle.
Marguerite.

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26 février 2008

Les rollmops

Rhââââ pûûûûûtain des rollmops ! C'est un truc d'homme, ça !
J'ai découvert ce mets particulier au Danemark. C'était l"hiver. D'ailleurs, c'est toujours l'hiver, là-bas. Faisait froid, donc.
Par-delà les grandes baies de l'hôtel,encadrés de bois brut, sur la neige blanche infiniment, il ne se passait rien. Mais alors rien de rien.
Je descendis l'escalier de bois brut pour rejoindre la salle à manger où une théorie d'autochtones engloutissait un copieux petit-déjeûner, en fredonnant cette vieille scie d'Enrico Macias "... les gens du Nord, ont dedans le chauffage qu'ils n'ont pas dehors..."
A peine étais-je assis à la table de bois brut que mon voisin me flanquait une grande claque dans le dos, en me disant des trucs où figuraient un certain nombre de "o" barrés. Je n'eus pas même le temps de lui répondre que je n'entendais rien aux langues forestières (en bois brut) que devant moi l'on posait un saladier empli de curieux rouleaux gris-bleuté baignant dans la saumure. Je me demandai avec effarement si ce peuple trempait là-dedans ses croissants.
Je regardais autour de moi avec curiosité. Autour de la table, des mâles, uniquement. Et sur la table, rien qui ressemblât à du café, du pain, de la confiture... Mes commensaux parlaient fort, s'esclaffaient, sans interrompre un ballet bien réglé : chacun puisait devant lui, dans un saladier, un de ces rouleaux ; il en trempait l'extrémité dans un bol de crème aigre disposé au milieu de la table ; d'un coup de glotte puissant, le poisson était alors avalé ; puis, d'une main sûre, chacun emplissait son petit verre d'un breuvage (j'appris plus tard qu'il s'agissait d'un distillat local, l'aquavit, certainement à base de bois brut aussi !) et se le téléphonait aussi sec. A peine séchées les larmes qui lui montaient au visage après l'opération, chacun derechef puisait un nouveau rouleau de poisson, ad libitum...
Habitué des nourritures bizarres (j'ai beaucoup voyagé, mais surtout j'ai été pensionnaire au petit séminaire de Meaux, puis détenu à la Santé), je décidai d'essayer.
Bon, la première bouchée peut surprendre. Mais l'aquavit fait passer beaucoup de choses. D'ailleurs, on devrait commencer prar l'aquavit, AVANT le poisson... Cela dit, l'aquavit, au p'tit dèj', sur le coup de 8 h du mat', faut une certaine santé...
J'eus, je l'avoue, du mal à ne pas restituer sur le plancher de bois brut cette première bouchée. Je n'eus pas le temps : aimablement, mon voisin me tendait déjà un nouveau rouleau, en ôtait délicatement la petite pique en bois (brut) qui le transperçait (ah, c'est donc ça : j'avais bien trouvé que c'était un peu dur !), et remplissait mon verre.
Je dois dire qu'au bout de quelques verres, je me laissai volontiers gagner par une légère euphorie...
Quand la table fut vide de toute ressource halieutique, tout le monde se leva et entreprit de se déshabiller.
"Tiens, me dis-je, les douches sont donc collectives, ici ?!?".
Mon voisin me pressait de me déshabiller aussi. Bon. Soit.
Je pris ma place dans la file, qui s'ébranla pour gagner... LA PORTE (en bois brut) QUI DONNAIT DEHORS !!!
Il m'était impossible de m'échapper. Partout autour de moi l'on se pressait, et l'élan m'emporta dans la neige blanche infiniment...

Curieusement, je n'avais pas froid. L'aquavit, sans doute... Je vis beaucoup avaient d'ailleurs emporté leur bouteille.
Et tout ce monde nu se roulait dans la neige en s'esclaffant. Sur la rivière gelée, à grands coups de hache, un petit groupe cassait la glace : bientôt les baigneurs s'ébrouaient...
Je demeurais figé et interdit, si bien qu'au bout d'un moment ma peau se nuançait de jolies teintes de bleu... Voyant cela, deux impétueux gaillards me soulevèrent et m'entraînèrent vers une manière de petite cabane en bois brut, sans même un fenestron.
"Oh non, me dis-je, du poisson au p'tit dèj', passe encore, mais pas une sodomie !".
Mais tel n'était pas le desseins de mes ravisseurs. Je fus jeté dans cette cabane, et me retrouvai dans la vapeur, au milieu de gens nus suant à grosses gouttes l'aquavit précédemment ingurgité : j'étais dans un sauna.
A peine la chaleur se répandait-elle dans mon corps, générant un délicieux engourdissement, qu'un sauvage ouvrait la porte, et que tout le monde se précipitait dehors. Derechef on me siasit et on m'entraîna.
Mes camarades de jeu se roulaient dans la neige, s'en frictionnaient, mais je n'eus pas le temps de m'étonner du procédé que je ressentis une brûlure dans le dos : un joyeux ahuri me fustigeait à l'aide d'un petit fagot de bois brut !
Bien qu'ayant constaté alentour que ce jeu faisait partie des activités indigènes, je lui arrachai son fagot en poussant de hauts cris, et m'enfuis vers le hâvre de l'hôtel.
J'avais compris pourquoi le drapeau de ce pays était à l'exact inverse de celui dessiné par Henri Dunant.

Il m'arrive quelquefois de manger des rollmops. Ainsi parfois nous, les hommes, aimons susciter la remembrance, fût-ce au prix d'une légère amertume... La crème aigre, sûrement...

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26 janvier 2008

Michèle Alliot-Marie, la PFAT du P'tit Nicolas

Allons bon ! Le battle-dress sur mesure assorti au carré Hermès, la mèche en bataille et le cerveau dans les200px_Antoine_de_Saint_Just bandes molletières : la PFAT* (prononcer pé-fat) se réveille.
Enfin, se réveille... Comme elle a a peu près le niveau d'activité neuronale d'une tulipe, elle a dû se faire siffler par le P'tit Nicolas, qui lui a fait voir sa montre (c'est une manie chez cet agité du bocal de faire voir sa montre à toutes les passantes), et lui a jeté en pâture le nonosse au parfum d'hostie du "dépoussiérage" de la loi de 1905.
MAM, la bave aux lèvres, s'est jetée là-dessus comme la vérole sur le bas-clergé, et a annoncé urbi et orbi un vaste programme visant à rénover la laïcité.
Comme tout cela vient du P'tit Nicolas, on se souviendra de son discours devant je ne sais plus quel aréopage (l'Institut des Hautes Etudes, peut-être ?), et de ses déclarations plus récentes, ainsi que de son voyage chez Benoît, voyage dont n'était pas Michèle Alliot-Marie - pourtant Ministre des Cultes - avantageusement remplacée par l'ineffable Bigard, dont je me demande avec un certain effarement s'il a donné "Le lâcher de salopes" au souverain pontife.

Voyons tout d'abord ce que c'est que ce programme.
Abolir la différence entre associations cultuelles et culturelles, et supprimer ou favoriser les carrés confessionnels dans les cimetières.
Voici donc la tulipe qui se mêle de scolastique, et d'œcuménisme !

Voyons ensuite ce que recouvre ce programme : une option et une obsession.

L'option, c'est celle d'une gestion sociale à l'américaine, doublée d'une manipulation des masses et des media. Confier aux associations cultuelles, et notamment musulmanes, la difficile mission de la "gestion" des banlieues, permettra à l'état de se défausser, tout en assurant une paix sociale de surface à grands coups de subventions. Et ce au mépris d'un endoctrinement mahométan qui ne le cède en rien aux manipulations exercées par l'église catholique quand la France était encore sa fille aînée.
Soyons certains qu'on nous prépare là des générations d'illuminés analphabètes qui feront nos lendemains chantants !

L'obsession, c'est celle du despote éclairé. Le P'tit Nicolas a le complexe de Napoléon, et aussi celui de Danton, de Robespierre... et de St Just  (celui de Decize, hein, pas celui de Cantorbéry).
Le petit homme a eu son jouet : la France.
Là où le Grand Charles épousait, le P'tit Nicolas détruit. C'est le signe de profonds désordres, chez un enfant, que de détruire ses jouets pour regretter ensuite de l'avoir fait.
C'est que l'enfant a une conscience. Nicolas Sarkozy, non.

*ancienne dénomination du Personnel Féminin de l'Armée de Terre

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10 janvier 2008

Les nouveaux juifs

Brice_Hortefeux
On avait "découvert l'horreur".
On avait dit (une fois de plus) : plus jamais ça !

Et puis on recommence.
Combien de temps faudra-t-il ?

Au fond, l'attitude de l'Allemagne (son gouvernement, certes, mais aussi son peuple) envers les juifs est-elle radicalement différente de notre attitude (celle des  gouvernements, mais aussi des peuples européens) envers ceux que l'on appelle  immigrés illégaux, sans-papiers, en-situation-irrégulière ?
Je sais qu'il y a une différence de taille : nous n'en sommes pas encore à la volonté d'éradiquer une race par l'application d'un plan industriel. Le fond est différent.
Mais la forme ? Vilipender, et déshumaniser : la méthode est la même, seules les victimes désignées sont différentes.
D'abord, les réduire à une désignation : les immigrés n'ont pas de pays, pas de racines, pas d'histoire. Certains sont même "issus de l'immigration" : parentèle monstrueuse, génération spontanée, parthénogenèse ? Mais en tout cas ce ne sont plus des hommes. Ils se désincarnent en statistiques, en chiffres, en masses de couleur...
Ensuite, cette désignation est chargée de tous les maux : l'économie bat de l'aile ? C'est leur faute. Le système de couverture sociale est déficitaire ? C'est leur faute. L'insécurité ? C'est leur faute... On n'a même plus besoin de leur faire porter un signe distinctif ou de signaler leurs maisons, leurs commerces : dans son infinie bonté, Dieu (le nôtre, hein, attention, on mélange pas !) les a faits vraiment différents, on les reconnaît tout de suite, et tout de suite on leur donne le nom d'une couleur : c'est quand même plus pratique que d'avoir à se pencher sur des détails (nez, oreilles, doigts crochus, etc) pour se décider !
Enfin, réduits à l'état de troupeau, on les parque. Derrière des barbelés, de préférence : une vieille habitude...
On ne les envoie pas à la mort. Pas tout de suite. On en utilise quelques-uns, parce que c'est une main d'œuvre docile et bon marché, dans une sorte de tolérance amorale, ou plutôt dans l'ordre moral du profit.
Et on les renvoie, dans un ailleurs qu'on appelle chez eux, menottés, drogués, sourds à leurs cris...

Chez nous, on a Brice Hortefeux.  Un brave homme, soucieux de préserver la France des hordes d'untermenschen. Un type froid, organisé, méthodique. Sans états d'âme. Sans âme, pour tout dire.
Un type qui fait froid dans le dos quand on pense à Heinrich Himmler...



Expulsion

Une poupée dans le caniveau
Un CRS qui tape
Une vieille femme jetée à terre
Un CRS qui tape
Un landeau poussé par la fenêtre
Un CRS qui tape
Une porte arrachée à ses gonds
Un CRS qui tape
Un enfant bousculé arraché à sa mère
Un CRS qui tape
L’intimité violée d’un peu de linge épars
Un CRS qui tape
Des cris et le bruit mat des chairs sous la matraque
Un CRS qui tape
Un cri plus fort encore, de rage et de folie
Un CRS qui tape
Et puis le coup de feu ramenant le silence
Un CRS qui tombe
Avec, dans l’œil, un étonnement.
Pourquoi ?

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08 janvier 2008

Fumeur !

Je fume.
Je fume et je vous emmerde. Tous.
Avant, j'étais plutôt urbain. J'offrais mon perlot à qui en voulait, et je m'enquérais, avant d'en griller une en société, de l'éventuelle indisposition qui pourrait résulter pour mon entourage immédiat de mon inclination pour l'herbe à Nicot.
Aujourd'hui : tiens, fume !
Dès que je trouve un endroit où l'on peut encore en griller une sans qu'un importun sonne la maréchaussée, je fume comme une cheminée d'usine (d'avant les délocalisations bien entendu). Et gare à celui qui voudrait revendiquer son intégrisme de non-fumeur : qu'il aille donc respirer ailleurs !
Ces gens sont insupportables. Les non-fumeurs. Les ayatollahs de l'air pur. Ils promènent leur vindicte dans un relent d'eau de cologne du Mont St Michel, un peu comme les bigots sentent la sacristie. Ils jouent les flics. Ils adorent ça. Ah, cette ivresse du pouvoir, ce plaisir de morigéner, cette soif de délation... "Vous n'avez pas le droit de fumer ici ! Çe n'est pas bien, vous savez ? Je vais appeler un agent si vous continuez..."
Bande de foutriquets revanchards, race de bignolles, pousse-mégots !

Je fume parce que j'aime ça. Et parce que je suis aimable.
Un homme, ça sent le tabac brun ou le Virginie ; un homme, ça offre du feu à une femme. Et la femme allume la cigarette de l'homme qu'elle aime, et la lui glisse entre les lèvres...

Quand je suis entré en prison, ma première consolation, ma première fraternité, mon premier plaisir fut une cigarette. Et quand j'en sortis, c'est le dos au porche de la Santé que je grillai les premières secondes d'une liberté retrouvée.

Après l'obligation du casque à moto (il m'arrive assez souvent d'enfourcher la mienne en oubliant totalement cet inutile accessoire), après l'obligation du port de la ceinture de sécurité (heureusement, ma corpulence me permet d'échapper à cette brimade), après la limitation de vitesse et l'abaissement à un seuil ridicule de l'alcoolémie autorisée au volant (alors qu'il est évident que tout ceci n'a que peu d'incidence sur le taux des accidents de la route, il suffit de comparer les chiffres en tenant compte de l'accroissement du parc automobile), après toutes ces libertés entravées, circonscrites, on s'attaque désormais au plaisir !
Et déjà se profile l'interdiction du gras, l'interdiction du sucre... Et pourquoi pas, comme dans certains états américains, l'interdiction de certaines positions ou certains usages sexuels ?

Quand on en est à interdire la pipe...

Posté par campusliber à 02:59 - - Permalien [#]

16 décembre 2007

Tant que les lions n’auront pas leurs propres historiens...

medium_coloniesL'affaire de l'Arche de Zoé fait couler beaucoup d'encre dans les colonnes des journaux... Mais l'œil est toujours occidental, toujours français, et pour tout dire toujours colonialiste.
J'écrivais il y a peux "le "droit d'ingérence" est une foutaise néo-colonialiste inventée par le social-traître Kouchner, et repirse par le monde occidental pour aller en toute impunité marcher sur les plates-bandes des gouvernements des pays du tiers-monde. J'aimerais voir la gueule de nos politiques si demain un gouvernement africain envoyait la troupe à Roissy pour libérer les malheureux nègres odieusement traités au centre de rétention administrative ! "
Mais c'est bien pire que ça !

Pas une seconde on ne parle de l'absolue nécessité pour la nation Tchadienne de mener à bien ce procès.
Mettons de côté les pathétiques demeurés (ou les escrocs malhabiles, après tout, on ne sait pas...) qui deviennent de fait l'objet d'un enjeu politique. Et considérons les choses du côté tchadien.

Résumons :
Une poignée d'ahuris organise une impensable magouille au nom de "l'humanitaire" (!).
Cette magouille est a a priori encouragée par l'état français, qui met à disposition des infrastructures militaires.
Les participants à cette épopée sont soupçonnés d'avoir sur le sur le territoire tchadien commis un certain nombre d'infractions graves.
Ils sont interpellés. La Justice tchadienne est saisie. Une instruction est ouverte, un juge se voit confier le dossier.

Rien que de très normal. C'est ainsi que fonctionne, par exemple, la Justice française...

Mais, tout à coup, l'histrion qui a gagné en France les dernières présidentielles, et n'est pas du genre à s'embarrasser de la présomption d'innocence notamment en ce qui concerne les infractions commises par les "étrangers" sur le sol français,  tout à coup donc ce petit homme décide qu'il va aller "sauver" les détenus au Tchad.
Et ce, au mépris d'une indépendance qui remonte quand même au 11 août 1960 !
Eh oui, décider, au mépris de toutes les règles diplomatiques, de soustraire ses ressortissants à la Justice d'un pays tiers, c'est nier l'indépendance de ce pays ; c'est bafouer son autorité ; c'est assurer qu'au fond, rien n'a changé, que l'administration de l'ancienne AOF-AEF est toujours aux mains de la France - ce qui est la définition même du colonialisme.
C'est confirmer le discours de Dakar. Comme disait Mac Mahon : "Vous êtes le nègre ? Eh bien, continuez !".
(J'en profite pour saluer la mémoire de Camille Mortenol...)

Il va, donc, court et nous venge, et ramène avec lui les innocents soustraits à l'ennemi !

Là-dessus, toute la presse aux ordres de vanter ses mérites, et de s'interroger sur l'opportunité de laisser juger ceux qui restent par ce pays de sauvages qu'est le Tchad...

Mais voilà.
Le Tchad est un état souverain, et cette souveraineté vaut bien toutes les autres.
Notamment toutes les autres souverainetés africaines.
Il faut donc nécessairement que le procès ait lieu au Tchad.
Car ce procès est une occasion unique pour un état africain, et même pour l'Afrique entière, de secouer le joug "humanitaire" qui a succédé au joug colonial.
Si les fameuses ONG apprennent qu'on ne peut plus jouer impunément la carte de l'ingérence en Afrique, cela permettra aux pays africains de sortir de cet échange de dupe où ils jouent toujours le rôle du nécessiteux.

Alors, ce qui serait vraiment un pied de nez aux (ex)colonisteurs, et tout à la gloire de l'état tchadien, ce serait de juger les membre de l'Arche de Zoé, de condamner ceux qui s'avèreront coupables... et de les nommer illico citoyens d'honneur, puisqu'ils auront permis au Tchad de signifier véritablement son indépendance.

Tant que les lions n’auront pas leurs propres historiens, les histoires de chasse continueront de glorifier le chasseur...

Posté par campusliber à 22:42 - Permalien [#]

Vae victis, et toutes ces sortes de choses...

Cette scène est une scène de fiction, qui ne met en cause aucun personnage existant ou ayant existé, et qui n'est en aucun cas inspirée de l'article paru dans "Marianne" n° 555, page 36.

loupbettyboop

- Allons, entre, n'aie pas peur !
- Mais je n'ai pas peur !
- Ah, c'est bien, ça, on est une grande fille... Alors, comment ça va ?
- Eh bien... Je suis un peu étonnée...
- Mais non, mais non, c'est la règle, tu sais... Tu as voulu jouer, et... C'est moi qui ai gagné ! Alors, aujourd'hui, je fais ce que je veux, et tu fais ce que je veux !
- Mais enfin... C'est à dire... Ça ne fonctionne pas vraiment comme ça, Monsieur le...
- Ttt ttt tt, assieds-toi dans le fauteuil, là, et moi je vais me mettre à l'aise sur le canapé... Làààà, détends-toi...
- Un peu de tenue quand même, redressez-vous, vous êtes déjà petit...
- Ooohhh mais on fait sa vilaine ! Allez, prends un chocolat, là, sur la table.
- Merci, non. je ne suis pas venue pour ça.
- Ah tu n'es pas venue pour ça ! Mais c'est moi qui ai gagné : prends donc un chocolat !
- Mais vous êtes agaçant à la fin ! Je-ne-veux-pas-de-cho-co-lat : c'est clair, là ?
- Ah j'aime ça quand tu fais ta tigresse ! Alors tu ne veux pas de chocolat ? Tu veux peut-être autre chose, hein, petite coquine ? Regarde ce que je fais, là, pendant que je te parle...
- Mais voulez-vous vous reboutonner tout de suite ! Vous êtes ridicule ! Et en plus y'a vraiment pas de quoi se vanter !
- Mais dis-donc, tu oublies à qui tu parles !
- C'est plutôt vous qui vous oubliez, Monsieur le...
- Non, non, non, je ne m'oublie jamais. Je me les sers moi-même avec assez de verve... Tiens, regarde plutôt : tu en as déjà vues, des comme ça ?
- Oh je vous en prie !
- Mais non ! Mon poignet ! Regarde mon poignet !
- Certes vous usiez bien de sa veuve, mais je ne vois pas...
- Elle est belle, ma montre, hein ! C'est une Rolex. Ça vaut des sous, tu sais, une montre comme ça...
- ?!?
- Tu veux la même ? Si tu es gentille...
- Bon, ça suffit, reprenez-vous, maintenant ! Je connais encore du monde, ici, j'y étais avant vous. Alors, si vous continuez, j'appelle !
- Bon, très bien, très bien... Mis je vous raccompagne, alors, hein, qu'on nous prenne en photo !
- Non, non, ce n'est pas la peine !
- Mais si, je suis le vainqueur, quand même, et tu as beau ne pas vouloir, tu finiras par me sucer jusqu'à la moëlle !
- Oh qu'il est agaçant ! Ça ne vous vaut rien de rester célibataire, Monsieur le...
- Mais je ne suis pas célibataire ! T'as vu les paquets que je me trimballe dans mon équipe ? Y'a d'la dinde de concours, là... Mon ex se sapait en Prada, mais là j'ai une petite qui choisit ses oripaux chez Dior, j'en ferais bien mon humidificateur à cigare, moi !
- Il suffit. J'étais venue pour avoir une conversation sérieuse, et vous me prenez pour un minitel rose !
- Ben quoi, 'as déjà la couleur...
- Brisons là, Monsieur le...
- Ta gueule et souris, v'là les photographes !

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22 novembre 2007

A bas le Téléthon !

Ça y est, ça recommence ! La télé n'en peut plus, les journaux titrent sur l'évènement : le téléthon nouveau telethon est arrivé !
Mais c'est pire que le Beaujolais ce truc-là !

Tout d'abord, comme les Enfoirés, SolenSi, les Restaus du Cœur, etc, c'est scandaleux de voir ce qui n'aurait dû être qu'un lancement, une responsabilisation de nos hommes politique, dure des années et des années.
Et en plus, ils en sont fiers, tous les petits animateurs, les obscurs plumitifs, les invités au prestige décati : ils sont là, encore là, toujours là.
Le bénévolat, c'est l'entretien des carences de l'état. Nous n'avons pas à "lutter", à "soutenir" des problèmes de santé publique: c'est le rôle de l'état de prendre ça en charge. Nous avons constitué la République, nous l'avons soutenue, nous avons voté, élu tous ces abrutis qui gourvernent (ou qui voudraient bien) pour qu'entre autres l'état s'occupe de tout ce qui touche à la cause commune, la santé étant notamment du nombre !
Et puis, cette façon de victimiser les malades, de culpabiliser le vain peuple... Tout celà est dégoulinant de bonnes intentions et de culpabilité judeo-chrétienne... Et ces remerciements, vous, tous, les pauvres couillons, qu'on remercie de leur aide, de leur participation, tout ça bien enveloppé !
LE TELETHON EST UNE HONTE ! C'est indigne, c'est malsain, c'est pornographique.

Et puis, le téléthon (et consorts) c'est la porte ouverte à un système à l'américaine, où le social en général est délégué au privé, aux églises, aux sectes, bref, à l'argent et au goupillon !

Alors, si vous ne voulez pas voir disparaître les services de l'état ; si vous ne voulez pas d'un système où la charité s'acoquine au business ; si vous ne voulez plus être culpabilisés parce que l'état se décharge de ses devoirs sur la pitié publique ; si vous pensez que les myopathe et autres handicapés ou malades sont véritablement des êtres, et surtout des citoyens, comme les autres, qui n'ont pas besoin de votre pitié téléguidée ou de votre intérêt annuel (parce que vous y pensez les autres jours de l'année ?), mais plutôt de voir leur maladie, leur handicap, les recherches et les traitements adequats pris en charge par l'état, au nom de tous les citoyens, BOYCOTTEZ LE TELETHON !!!
.../...
Ce n'est pas en encourageant les initiatives du type "Téléthon" qu'on arrivera à contraindre les Politiques de faire leur boulot... Bien au contraire !
La charité... Un des sentiments les plus bas, les plus ignoble, de notre héritage judeo-chrétien. Il permet toutes les bassesses, puisqu'une seule "B.A." les rachète !
Et puis, cette façon de mettre en montre un groupe en le réduisant à sa seule spécificité, ça, c'est du racisme ! "Les myopathes", "les enfants malades", etc.
La maladie est un détail de la vie. Seul l'homme importe, et si l'on peut regretter ou déplorer que certains souffrent, soient diminués ou meurent prématurément, quelles que soient leurs afflictions ce sont avant tout des hommes !
Ainsi, toi, je me fous totalement que tu sois dans un fauteuil : qu'est-ce que ça devrait changer pour moi ? Je devrais avoir pitié ? Etre ému ? Non, tu es en fauteuil, soit, mais tu peux être un individu charmant ou un salaud fini... Et je devrais nuancer mon opinion parce que tu es en fauteuil ?
Tu supporterais - tu supportes ? - de te voir traiter différemment à cause, et à cause seulement de ton handicap ?
.../...
L'abbé Pierre© !!! On devrait tous avoir honte ! En 54, il est intervenu à l'Assemblée Nationale, et il a répété ensuite que c'était à l'état d'assumer, d'intervenir. Les députés lui ont jeté un os, e basta !
Bon, je dois reconnaître que lui au moins s'est sorti les doigts du cul pour mettre sur pied une entreprise pérenne. Mais il contribue aussi à entretenir les carences de l'état. Ce qu'il reconnaît et dénonce, d'ailleurs, ainsi que les gens du DAL par exemple.
Et Coluche ? Je me souviens d'un débat (houleux comme d'hab') chez Polac, où Coluche expliquait qu'il lançait les Restos pour pallier la carence de l'Etat, et qu'il espérait que ça ne dure pas !

Ces deux là, par ailleurs, sont à l'origine de changements législatifs qui ne reposaient pas sur les dons des braves gens, mais sur leur colère, colère qui a entraîné le vote de nouvelles lois par peur (car les hommes politiques sont de grands lâches qui ont peur du peuple !)

Le charity-business est politique. Quand on aura (on a déjà, j'en veux pour preuve vos réactions) pris l'habitude de laisser intervenir des églises, des ONG, des associations, etc, pour gérer des problèmes relevant de la responsabilité de l'état, on en arrivera à vivre dans une société totalement inégalitaire, sans protection sociale, sans services publics, enfin bref une société à l'américaine. (cf le discours du petit Nicolas à propos de la loi de 1905 devant l'Institut des Hautes Etudes, j'ai plus la référence mais facile à trouver sur le Net)

Alors, plutôt que d'encourager cette démission par l'adhésion à ce genre de manifestations, il est temps de commencer à aiguiser les fourches et à charger les fusils.
Je trouve que le rouge de nos trois couleurs est un peu délavé : le sang des Politiques pourrait raviver son éclat...

(texte publié en 2006, mais toujours d'actualité !)

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15 novembre 2007

Le train

14931804_pIls ont laissé la cohue des estivants s’écouler du train encore frémissant, à peine arrêté que déjà ceux qui attendaient en queue dans le couloir comme si ça les faisait arriver plus vite plantaient leur talon victorieux dans l’asphalte amolli du quai, se demandant avec anxiété ce dont ils allaient faire du temps ainsi prétendument gagné.
Ils ont laissé s’extirper les familles en puissance d’une marmaille renfrognée pour les aînés et caquetante pour les puînés, des compartiments aux remugles de sueur et d’odeurs de cochonnailles, dans le vacarme des valises arrachées aux filets en éborgnant le cadre d’aluminium enchâssant une photo jaunie des falaises d’Etretat, don du Comité du Tourisme, la SNCF vous y conduit.
Ils ont laissé se tarir le flot des recommandations domestiques s’entremêlant à celui des retrouvailles exclamatives qui ne l’étaient pas moins.
Le train d’abord, le quai ensuite, se sont vidés comme un intestin abandonne le bran qui l’encombre.
Le soulagement était général, même les bâtiments semblaient souffler, et la verrière, là-haut, murmurait sous un zéphyr d’apaisement.
Dans le compartiment 23, on se leva, on lissa machinalement un pli de pantalon, on vérifia machinalement le bouffant d’une mèche, et l’on se regarda, heureux encore, étonné encore, de voir l’autre.
Une main manucurée saisit un réticule, une main épaisse crocha l’anse d’un sac immense : le compartiment 23 était vide.

Un pied hésitant affronta chaque marche du wagon, reconnaissant d’un tapotement la traîtrise des surfaces planes et les rassurantes aspérités de la tôle larmée. Le pied bientôt rencontra le sol, et l’être qui le gouvernait fut saisi d’un frémissement : gagné !
Il empoigna le sac de voyage qui reposait comme une menace – il savait laquelle !- et l’accompagna jusqu’au sol dans une parabole dont le point remarquable connut sa définition à portée de main.
Un autre pied, chaussé celui-là d’élégantes sandales, apparut au nez de la marche supérieure. L’homme haussa le bras, et proposa sa main en pommeau à l’autre main qui s’y reposa aussitôt en un geste tendre de possession et de confiance. L’on sentait que cette femme transformait en caresse prometteuse le moindre appui qu’elle requérait, rendant ainsi léger et précieux à ses étais le poids de l’aide à peine sollicitée. Elle ne s’abandonnait pas, elle se retenait en légèreté, quoi que cet effort lui coûtât. Elle lui faisait ainsi des promesses muettes, il les accueillait avec reconnaissance, et les lui retournait en désir d’elle.

Ils marchaient enfin sur le quai, elle libre et lui dans son sillage.
Elle pouvait avoir quatre-vingts ans, lui sans doute un lustre de moins.
Le regard indifférent des chalands voyait un couple âgé.

Mais lui, regardant sa silhouette toujours élancée, oubliait le poids du sac dont la bandoulière lui sciait l’épaule. Il se sentait investi d’une sève neuve, la fulgurance de ses vieilles douleurs s’étouffait dans l’airain de  l’amour qui le submergeait, du désir qui le hantait.
Il suivait une jeune fille.
Elle, sous ce regard qu’elle devinait, qui l’enveloppait comme une caresse, qu’elle sentait au creux de sa nuque, ce regard qu’elle connaissait et dont elle ne se rassasiait pas, redressait les épaules et, sous la taille encore prise, retrouvait un balancement aguicheur des hanches, une langueur de la démarche, révélant une féminité splendide qui ne l’avait pas quittée, qui ne la quitterait jamais.
De temps en temps, elle se retournait vers lui, l’œil rieur et sa grande mèche en bataille au-dessus du front, d’un air de dire : mais venez-vous, enfin ?
Et il lui répondait muettement, dans un jeu qui remontait aux prémices de leur amour : courez jusqu’à l’arbre, et revenez !
Elle avait toujours eu de longues jambes.

Ils étaient amants depuis plus de trente ans.

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Adultère

LEFEVRE_2

Est-il rien de plus excitant qu'un adultère ? Ces rendez-vous secrets, ces courses comme des échappées, et surtout, surtout, l'Autre. L'autre qu'on peut haïr, et qui pourtant complice, l'autre qui gêne un peu, et pourtant nous rapproche, l'autre qui est ce lien et pourtant la menace, l'autre autour de qui tout un jeu s'organise, l'autre toujours présent comme une ombre, un amer. L'autre, c'est tout ce monde qu'on voudrait briser, mais contre lequel on serre ses fragiles amours, l'autre c'est l'excitant thuriféraire aux alcôves moites, c'est le mensonge enfin rachetant la pureté, la fange délicieuse à la rue du lit, le feu du naufrageur sur les traîtres brisants où s'abîmeront ces amours scélérates...
L'autre... L'autre à qui l'on arrache la livre de Shylock, avec cette impression de sauver une vie, ô à peine, quelques instants de vie, libre et enfiévrée, un atome de bonheur instantané qui va durer toujours au moins jusqu'à demain...
L'autre qui toujours endossera la faute, l'autre qui est la cause et le prétexte, l'autre qui a violé les chairs que l'on vénère, mais violé lâchement dans le respect du jeu, tandis que nous froissons nos peaux dans des langueurs d'alcools, tandis qu'adolescents nous jouons la passion...
Mais faut-il que cet autre nous obsède à ce point, que sitôt disparu, perdu à nos mémoires, nous n'ayons d'autre urgence que d'atteler à deux pour une course vaine où notre devenir est un but un peu flou que nous appelons : nous ?
Si m'en croyez vivez les amours clandestines, si elles ne le sont plus piquez-les d'interdits, de courses et de bruits, mais jamais n'aimez quiètement.
C'est votre obligation pour n'être jamais l'Autre.

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13 novembre 2007

La porte étroite



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09 novembre 2007

Putasserie télévisuelle

prostitueeBon. Y'a Patrick Dupont. Dupond. Dupondt. Je sais plus. Le Tintin des danseurs-étoile. Eteint. C'est l'âge. Le danseur-vermeil.
C'est le seul que je reconnaisse.
Une manière de vieux normand - ah ! Il est canadien. Comme ces gens sont curieux ! - bougon, acariâtre même, et une blonde sans importance collective, à l'œil vide et au visage enlaidi d'être à ce point marqué de ces deux petites véroles que sont la méchanceté et la bêtise, forment avec le sauteur sus-mentionné un jury.
Parce que ces gens jugent. A l'aune de quoi ? De leur incroyable suffisance, sans doute. Et qui jugent-ils ? Des pauvres gens, dûment sélectionnés pour que le public rie à leurs dépens.
Ces candidats vont du pathétique de ce père offrant à l'encan (il est des proxénétismes plus fâcheux que celui du hareng) ses filles, l'une à l'accordéon, l'autre au violon ou plutôt au crin-crin, incapables de jouer en mesure, rappelant à mes souvenirs l'œuvre  d'Hector Malot, à la candeur de l'illuminé explorateur des chants bulgares, ou solognots, j'ai oublié, mais ce sont des pays où l'on fabrique du yaourt.
Au premier on reprocha de n'être pas assez bon. Il faut dire que ses fillettes n'étaient pas court-vêtues. Au dernier on ne comprit pas : le jury a l'entendement aussi borné que les voix bulgares sont mystérieuses. C'est dire.
Le public réagit avec un enthousiasme non-feint aux pancartes brandies en régie, applaudit debout un serrurier à la voix d'or mais au tremolo incertain, s'émeut au spectalce d'un sexagénaire tremblant sur un fil, siffle une bimbo-pétasse venue faire "à la télé" ce qu'elle fait d'ordinaire seule devant la glace au fond de la salle du Macumba Club de Melun-Nord, et assiste avec effroi aux regimbades que se permettent parfois quelques candidats évincés.
Tout ça se passe sur M6, et s'appelle "L'incroyable talent".
C'est effectivement incroyable.
Mettre en montre la maladresse de pauvres gens dans la tentative de réalisation de leurs rêves, c'est cynique.
Les faire juger par un trio d'imbéciles infatués, c'est de l'arbitraire.
Filmer le tout et le passer à la télévision, c'est de la pornographie.

On ne devrait montrer ces émissions qu'à des voyeurs racolés sur les boulevards par des messieurs bien mis, qui les guideraient vers de discrets appartements en leur chchottant à l'oreille les descriptifs les plus salaces des séquences projetées.
Et, de temps en temps, une descente de police viendrait égailler la volière, comme aux temps anciens.

Ah ! Je sens que Monsieur Lelay va encore nous parler d'éthique...

Posté par campusliber à 02:32 - - Permalien [#]

07 novembre 2007

Les voleurs de la mer

Alors comme ça les Gilliat au petit-pied sont mécontents ! Et le p'tit Nicolas de se précipiter pour leur accorder2007_11_06T120109Z_01_NOOTR_RTRIDSP_1_OFRTP_FRANCE_PECHEURS_SARKOZY_MESURES_20071106 - sur notre dos - une dispense de paiement des charges sociales pour six mois ! Alors qu'ils sont déjà dispensés de taxes sur le fioul !
Outre que cette politique communautaire nous prépare des lendemains fortement américanisés, c'est quand même un comble ! Dispenser les marins-pêcheurs de charges ! Et puis quoi encore !
N'oublions quand même pas que ces types sont les voleurs de la mer.
C'est trop facile ! Tous autant qu'ils sont, ils dépeuplent les océans, pour pêcher du poisson qu'on ne mange même pas, puisqu'il sert principalement à l'alimentation animale.
Ce poisson, ils le volent à la communauté. Le cultivateur sème, l'éleveur naît le bétail, le maraîcher repique, tous ces gens produisent. Le marin-pêcheur se sert.
Alors, n'oublions pas que ces gens ne paient pas même leur matière première.
S'ils ne sont pas contents, ils n'ont qu'à changer de métier.

Posté par campusliber à 21:11 - - Permalien [#]