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campusliber
8 mai 2004

Maigrat

germinalQu’est-ce qu’il sait, l’autre, là-haut, avec ses pulls en laine immondes et ses certitudes obtuses, est-ce qu’il sait ce qui se passe sous les crânes plébéiens ?
Des hommes qui rentrent du travail, qui rentrent d’en chercher, qui ont usé leur patience, usé des putains d’heures, des mains qui ont cherché la monnaie au fond d’une poche pour payer le café, pour payer le journal…
Des mains qui se sont serrées au fond des poches dans le métro en voyant la horde soldatesque malmener encore plus faible qu’eux ; des mains qui ont serré à l’en déchirer en rêvant au cou de la contractuelle le PV glissé sous l’essuie-glace de l’auto…
Il y a celui qui doit passer chez le toubib, et celui qui tout au long du chemin mire ses souliers qui mirent la misère d’une chambre éteinte sous les combles, et celui qui entend encore le bruit qui mange ses jours, mange ses nuits, l’homme qui ne connaît plus le silence le bruit des machines le bruit de la rue le bruit de l’enfant qui crie qu’on a envie de tuer pour que tout s’arrête.
Il y a celui qui rentre pour battre sa femme il a bien le droit il battrait bien son voisin ou un autre ou son frère mais ils sont trop grands trop protégés trop loin trop durs alors il bat sa femme parce que le chien non il aime bien son chien.
Il y a celui qui entre au bistrot et puis qui boit des verres variés les ronds se mélangent sur le bar rouge du rouge et boue du pastis parce que le pastis c’est pas le soleil c’est pas vrai ça a la couleur de la boue à force mélangée au rouge du vin sur le comptoir-miroir qui macule les âmes
Il y a celui qui cherche quelquechose il est grave triste pressé, il est tendu, il tourne sec dans les petites rues en compulsant un chiffon de papier qu’il compare avec les plaques au coin.
Il y a tout le monde qui ne débranche pas son cerveau du boulot pour rebrancher son cerveau télé/info/starac’/manip’ et lobotomie.
Parce que les gens tu crois qu’ils sont comme ça, toi et ton ami le Baron et le petit Nicolas tout énervé, tu crois travail famille patrie et qui se rêve en Déat en Doriot en Laval
Mais un jour bientôt demain ce soir, entends la rumeur qui enfle, toutes les mains des hommes qui serrent les mains, entends les tempes qui bourdonnent, tous les poings se tendront vers toi tes semblables, des poings noués autour de rien que la colère, et le rouge ne sera plus celui du rouge et la boue sera ton opîme dépouille.

Enarque, Politiques, Nouveaux Maîtres des Forges, vous tous,  les épiciers, les tenanciers crasseux d’un infect Assommoir : souvenez-vous de Maigrat !

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