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campusliber
15 décembre 2006

L'auto et l'ordinateur

autoordiComment en sommes-nous arrivés à accepter ça ?
Je veux parler de l'informatique. Enfin, de tout ce bazar merveilleux censé nous faciliter la vie... Comment pouvons-nous accepter que l'on nous vende ces appareils compliqués et qui fonctionnent de façon aléatoire ? Comment croire que notre vie quotidienne est régie par des machines dont les concepteurs savent qu'au mieux elles sont obsolètes dès le mise sur le marché, et que plus généralement elles ne sont pas au point ?
Vous n'y croyez pas ? Imaginons un instant un monde où les automobiles fonctionneraient comme nos ordinateurs...

Café avalé, fleurant l'after-shave, l'œil vif, l'homme se prépare à monter dans sa voiture. Ah ! Le code d'ouverture ! Bon...
"Voulez-vous accéder à votre véhicule comme administrateur ou simple utilisateur (dans ce cas vos droits sont restreints) ?"
Ben... administrateur, quoi ! L'homme tape une série de caractères hexadécimaux. La voiture émet un ronronnement. Puis tout s'arrête.
"L'ouverture de porte a échoué. Veuillez relancer votre session".
Soit. Nouveau tapotement sur le clavier. La porte se déverrouille : Yes !
L'homme s'asseoit derrière le volant.
"Un utilisateur inconnu a modifié vos réglages. Voulez-vous les ré-initialiser ou mémoriser tous les réglages actuels ? Cette option va modifier vos autorisations : autorisez-vous la voiture à accéder aux éléments protégés ? Oui, non, ne sait pas".
L'homme ne sait pas. Au hasard, il tape "oui", parce que ça lui paraît plus... positif ?
"La voiture procède à la réinitialisation de vos paramètres. Progression en cours... 1%... 2%... Temps estimé : 18mn".
L'homme va se faire un café. Un bip retentit depuis le garage. L'homme pose sa tasse et se rue vers son véhicule.
"Veuillez éteindre le plafonnier, l'autoradio, et tous les périphériques actuellement utilisés, et redémarrez".
L'homme ronchonne, et tourne la clef : miracle ! Ça démarre ! Bon, les essuie-glace se mettent en route tous seuls, et le klaxon se bloque. Mais ça ne dure pas : tout semble rentré dans l'ordre. Prudemment, l'homme passe la première, et s'engage dans le flot de la circulation...
Ah... C'est là qu'il doit tourner à gauche, l'homme. Prudent, il met son clignotant, et change de file. Un concert d'avertisseurs salue sa manœuvre. Ben, y sont nerveux, ce matin ! Et puis l'homme comprend :
"L'application clignotants a quitté inopinément. Voulez-vous quitter, relancer l'application, envoyer un rapport au constructeur ?
Y veut rien du tout, l'homme, y veut juste que ça marche ! Il clique sur quitter, y s'en fout de plus avoir de clignotants, y verra ça plus tard !
D'un seul coup, sa voiture s'arrête. Comme ça. L'homme tourne la clef. Rien. L'homme s'énerve, il tourne la clef plus fort, en oubliant complètement que ça sert à rien : il fait la même chose avec le bouton d'ascenseur, quand c'est occupé, il appuie plus fort sur le bouton, en pensant que, comme ça, la cabine réagira plus vite.
L'homme n'est pas fait pour la technologie.
Il a beau tourner la clef, rien de rien. Ah, si !
"Une erreur système s'est produite. La voiture va maintenant redémarrer".
Soit.
Ça prend un peu de temps, mais l'homme finit par pouvoir avancer. Pas pour longtemps : feu rouge. L'homme attend. Un peu. Un peu trop.
"Pour vous connecter à ce feu tricolore, vous devez ouvrir une application : êtes-vous d'accord ?"
L'homme tape OK. Il attend. Un peu. Encore un peu.
"Pour permettre au feu de passer au vert, vous devez permettre l'installation de cookies. Veuillez ouvrir les préférences de votre navigateur".
L'homme descend de voiture, ouvre le capot, trifouille des trucs et des machins. Il remonte en voiture.
"Vous ne disposez pas des autorisations nécessaires. Veuillez contacter l'administrateur réseau".
L'homme re-descend de voiture, et met un coup de latte dans le pneu : ça soulage. Puis il tente de rentrer en contact avec l'administrateur réseau. Ah, y'en a un là : hé, M'sieur l'agent !
"Veuillez composer votre code d'accès".
********* tape l'homme.
"Nous n'avons pas reconnu votre code d'accès. Si vous avez oublié votre code, cliquez ici".
L'homme clique comme un perdu.
"Nous n'avons pas réussi à vous identifier. Veuillez contacter la hotline du constructeur au 0896 777 777".
L'homme saute sur son téléphone portable. Compose le numéro. Ça sonne. Ça décroche.
"Vous êtes bien en relation avec notre hotline. Un opérateur va vous répondre. Votre temps d'attente est estimé à 122 minutes. Ici le capitaine Kirk. Unité espace temps inconnue..."
Une délicate musique (Les 4 saisons de Vivaldi remixées par un fan de Ktraftwerk) noie les tympans de l'homme. Sa voiture est là, inerte, inutile. Ça fait 47 fois que Vivaldi passe en boucle : y z'ont juste enregistré 7 mesures. L'homme fume (au sens propre : ses oreilles dégagent de la vapeur). Un clic. Ça décroche. l'homme lance un "Allo" désespéré.
"Ceci est un message de notre service qualité. Vous allez être mis en relation avec un opérateur. Dans le cadre de notre programme qualité, cette conversation peut être enregistrée. Cette communication vous sera facturée 1€20 la minute".
Et re-Vivaldi. L'homme calcule en regardant sa montre qu'il en est déjà à 98 euros. Puis, tout à coup, une voix humaine : "Allo ?!". L'homme se lance dans des explications embrouillées. La voix le calme instantanément :
"J'ai besoin du numéro de série de votre véhicule, du numéro d'enregistrement auprès de notre service, de la date d'achat, et de la version de votre système".
La voix est teintée d'un fort accent... Pakistanais, peut-être ? L'homme cherche fébrilement, et balance une série de chiffres qu'il a repérés sur une étiquette dans un coin de la boîte à gants.
"Votre période de support gratuit a expiré. Veuillez contacter notre service commercial pour souscrire un contrat."
L'homme s'étrangle : il l'a achetée y'a 3 mois, sa voiture !
"91 jours. Votre période de support gratuit était de 90 jours. Désolé..."
L'homme essaie d'amadouer le gars : "Je veux bien, mais là j'suis en panne au milieu de la rue ! Surtout avec le temps qu'il fait : y pleut !"
"Ah je ne sais pas Monsieur, vous êtes connecté au centre de support Irlandais."
L'homme raccroche et mange son chapeau. Il remonte en voiture, allume les phares, les éteint, débraye, embraye, sort en coup de vent, débranche et rebranche la batterie, allume une cigarette, la pose dans le cendrier, feuillète le manuel, lit des trucs qu'il avait jamais lus avant, s'en mord les doigts, essaie des combinaisons comme actionner la clef en posant un pied sur l'appuie-tête tout en appuyant sur le klaxon avec le front tandis qu'il serre le frein à main tout en passant la marche arrière (que celui qui n'a jamais essayé des combinaisons du type "alt-command-Fkey-return-escape-wabghx lui jette la première pierre. je sais, ça fait 11 touches et alors ?)
Miracle ! L'homme ne sait pas comment, mais le moteur tousse, et l'auto se met en branle. Tout doucement, il n'ose ni accélérer ni freiner, il y croit à peine, l'homme !
Alors... Trouver une place... Là !  Marche arrière, coup de volant : y'a un truc qui bloque.
"Vous ne disposez pas de l'espace nécessaire. Veuillez libérer de l'espace ou compacter votre véhicule".
Bon, ben y va faire les deux, l'homme : un p'tit coup de pare-choc, une poussette, et le voilà garé. Merde ! Un feu de stop y est resté ! Bon... Pas grave, pense l'homme, en se disant qu'il ira chez Norauto samedi.
"Un périphérique n'a pas été déconnecté correctement : ceci peut entraîner des dommages".
L'homme s'en fout.
L'homme claque la porte et s'éloigne, en pensant à des choses d’avant…
Ah, s'il avait en face de lui l'abruti qui a inventé la roue !

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